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HUITIÈME SIÈCLE

latin, peut-être le grec, on y enseigna les sept arts libéraux, grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie, astronomie, musique, suivant une prétendue méthode d’Aristote qu’on revêtit de formes chrétiennes et dont l’autorité fut imposée à toutes les écoles. Depuis les bords de la Loire jusqu’aux frontières slaves de l’empire, la langue des anciens Germains régnait sans partage ; il ne restait de souvenir du latin vulgaire que dans les populations du sud dont l’idiome grossier, nommé langue romaine rustique, fût la source des patois méridionaux. Éginhard rapporte que l’empereur voulut composer une grammaire franke ou tudesque, dans l’intention d’imposer à tous ses États la langue des conquérants ; mais il renonça à ce projet et se borna à faire recueillir les vieux chants de guerre des peuples germains, dont l’Edda et les Nibelungen nous conservent les débris.

À la réalité de sa puissance, Karl ajouta la pompe extérieure et se plut à opposer aux magnificences de sa cour la simplicité de sa personne. La continence ne fut pas une de ses vertus. Il eut un grand nombre de femmes et de concubines qu’il entraînait dans ses plus lointaines expéditions. De ces unions, naquirent plusieurs enfants, parmi lesquels Karl, Peppin et Hlowigh (Louis), seuls considérés comme héritiers du trône ; un quatrième, Peppin-le-Bossu, fut enfermé dans un cloître en 792, pour avoir conspiré le meurtre de son père et de ses frères. Les nombreuses filles de l’Empereur remplirent le palais de désordres.

Un poëte du temps nous a conservé le tableau de cette famille impériale réunie aux portes d’Aix-la-Chapelle pour une chasse somptueuse : « Le roi Karl paraît au milieu du cortége des courtisans ; ses hautes épaules dominent la foule entière, et sur son visage souriant mille feux étincellent, car un cercle d’or entoure sa noble tête. Les ducs et les premiers d’entre les comtes le suivent. C’est alors que, longtemps attendue, la reine sort de son royal appartement, entourée d’une cohorte nombreuse, la belle Luitgarde, que le roi Charles a nommée son épouse. Son