abaissement intellectuel. Il sut, par sa libéralité, s’entourer des hommes de son temps les plus renommés pour leur savoir ; il les encouragea toujours et partout. Les savants qui l’ayant suivi en Gaule voulaient rentrer dans leur patrie, ne lui devenaient point étrangers : il en donna la preuve à l’égard de Pierre de Pise et de Paul Warnefried. Les rudes guerriers d’Austrasie purent se familiariser avec la langue latine dans le commerce des italiens Théodulfe, et Paulin d’Aquilée. Il faut encore nommer Leidrade, Clément d’Irlande, Smaragde, abbé de Saint-Michel, Angilbert, abbé de Saint-Riquier, saint Benoît d’Aniane, Riculfe et Éginhard, qui fut le secrétaire du roi frank, écrivit les annales de l’époque, et inspiré par son sujet sut s’élever au ton de l’histoire véritable. Mais le plus remarquable de ces littérateurs fut le diacre anglo-saxon Alcuin, supérieur à ses contemporains par sa vaste instruction. Il sortait de l’école d’York où l’on enseignait déjà, comme à Kantorbéry, la grammaire, la théologie, la rhétorique, l’astronomie, la jurisprudence, la poésie et la chronologie. Karl-le-Grand qui, à trente-deux ans, ne savait pas lire, profita des leçons d’Alcuin, et parvint à parler le latin avec la même facilité que le tudesque, sa langue maternelle. Il apprit également à écrire, mais il ne devint pas un scribe habile. On dit qu’il participa au travail de la révision et de la correction des manuscrits sacrés, que dirigeaient des Grecs et des Syriens. Autour de lui se forma une sorte d’académie, dite École du palais, dans laquelle les illustrations du temps, l’empereur lui-même, ses trois fils, sa sœur, sa fille, changeaient leurs noms germaniques pour des surnoms empruntés à la littérature ancienne. Sous l’impulsion d’Alcuin, un capitulaire prescrivit l’établissement d’écoles élémentaires pour enseigner aux enfants la lecture, le chant d’église, le calcul et la grammaire. Plusieurs grands monastères devinrent des centres d’étude, entre autres ceux de Ferrières en Gâtinais, de Fulde, dans le diocèse de Mayence, de Reichenau, dans celui de Constance, d’Aniane, en Languedoc, de Saint-Vandrille de Fontenelle en Normandie. Outre le
Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/116
Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE