breuse et reprit possession de son siége. On chargea sept évêques et trois comtes d’examiner la valeur des accusations formulées par le primicier et le sacellaire contre le pontife. Faute de preuves produites, les accusateurs furent déportés.
À la suite de négociations mystérieuses dont les événements allaient divulguer le secret, Karl arriva dans Rome, vers la fin de l’année 799. Pour terminer la querelle de Léon et de ses ennemis, il convoqua, en vertu de la juridiction attachée à son titre de patrice, une commission d’évêques chargée d’un nouvel examen. Les évêques déclarèrent qu’il ne leur appartenait pas de juger le siége Apostolique, chef de toutes les Églises. Karl fut satisfait de la réponse des évêques et l’affaire n’eut pas d’autres suites.
Quelques jours après, le roi frank étant venu entendre la messe, le jour de Noël, priait debout devant l’autel, le front incliné, quand le pape lui mit une couronne sur la tête, aux acclamations de la foule qui remplissait l’église : « À Charles Auguste, couronné de la main de Dieu, grand et pacifique Empereur des Romains, vie et victoire ! » Le roi des Franks feignit l’étonnement et l’embarras, peut-être pour donner le change à ses Austrasiens que ce retour aux traditions romaines pouvait mécontenter. Il déclara même que s’il avait pu prévoir le dessein du pontife, il l’aurait déjoué par son absence, malgré la solennité de la fête, et blâma Léon de lui avoir imposé, sans égard pour sa faiblesse, de nouveaux devoirs dont il aurait à répondre devant Dieu. Toutefois, cédant à la nécessité, il accepta le sceptre impérial et s’engagea à maintenir la foi et les priviléges de l’Église, suivant ses lumières et son pouvoir. De magnifiques offrandes, déposées par lui et par ses enfants sur le tombeau du saint apôtre Pierre, furent le premier gage de cette promesse. C’est ainsi que le fils de Peppin-le-Bref fit revivre la dignité impériale d’Occident, trois cent vingt-quatre ans après qu’elle s’était éteinte dans la personne de Romulus Momillus Augustulus.