forces pour tenir tête à cette nation désespérée. Trois victoires remportées, l’une par son fils Karl, sur la Lippe, les deux autres par lui-même à Detmold et à Osnabrück, ne suffirent pas à épuiser la résistance (784). Il passa un hiver dans les neiges de la Saxe qu’il dévasta systématiquement, afin qu’après le fer et le feu, la famine eût raison de ces indomptables ennemis. Au printemps, rassuré par les ruines qu’il avait amoncelées, il se disposait à prendre quelque repos, lorsqu’il apprit que Witikind et son frère Albo armaient encore sur la rive droite de l’Elbe. Il se résigna enfin à leur faire des propositions de paix et leur envoya des otages. Witikind accepta les offres du vainqueur, vint recevoir le baptême à la Diète d’Attigny-sur Aisne et disparut de l’histoire (785). Pendant huit ans la tranquillité régna en Saxe.
Au moment où s’accomplissait cette pacification qui avait coûté tant de sang, Karl fut instruit par le pape Adrien qu’une vaste coalition se formait contre lui. Le fils de Didier, Adalgise, avait gagné l’impératrice d’Orient, Irène, entraîné le duc de Bénévent et les Arabes, obtenu l’appui du duc de Bavière, Tassillon, allié secrètement avec les Avars. Ce danger fut promptement conjuré. Le prince lombard Grimoald, investi par le roi du duché de Bénévent, livra aux troupes grecques un combat décisif où périt Adalgise. Deux armées marchèrent contre les Bavarois qui n’osèrent pas résister, et le dernier des Agilolfinges, Tassillon, condamné à mort par l’assemblée d’Ingelheim pour crime de félonie, fut relégué par grâce spéciale au monastère de Jumièges (788). On divisa la Bavière en comtés, comme on avait fait de l’Aquitaine. L’année suivante, les Franks passèrent l’Elbe pour protéger les Obotrites du Mecklembourg contre les attaques des Wilzes, puissante peuplade slave qui occupait le Brandebourg et la Poméranie occidentale. Deux expéditions, entreprises contre les Avars en 791 et 793, furent entravées par une révolte des Saxons. Il fallut encore livrer de terribles combats pour réduire ce peuple. En 794, le tiers des habitants fut dispersé, dans les Gaules et l’Italie, hommes, femmes et enfants, et rem-