Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.
98
HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

born, se levèrent depuis la Lippe jusqu’à l’Elbe. Les chefs d’Austrasie et d’Alamanie les repoussèrent d’abord, ce qui permit de prendre des dispositions pour une campagne plus décisive. Au printemps, Karl-le-Grand se mit à la tête de l’armée, et, dans la grande bataille de Buckholz, écrasa Witikind qui s’enfuit chez les Danois. Le vainqueur mit tout le pays à feu et à sang, dispersa dix mille familles dans les cantons déserts de la Belgique et de l’Helvétie, et contraignit les vaincus à se convertir définitivement, sous peine de massacre. Les Saxons furent privés de leurs assemblées politiques, de leurs juges remplacés par des comtes franks, de leur culte, car une loi punit de mort le refus du baptême et même l’infraction du jeûne quadragésimal ; de plus ils furent dépouillés de leurs biens, et presque tout leur pays fut partagé entre les évêques, les abbés et les prêtres, à condition pour ceux-ci d’y prêcher et d’y baptiser. Telle fut l’origine de ces riches prélatures qui, pendant près de dix siècles, exercèrent tous les droits de suzeraineté ; elles formeront dans les constitutions ultérieures de l’Allemagne, les principautés ecclésiastiques. Les évêchés établis à Minden, Halberstadt, Munster, Hildesheim, Verden, Paderborn, Brême et Osnabruck furent la récompense des serviteurs zélés de l’Église. Ces mesures de pacification furent arrêtées à la Diète de Horheim, en 780.

La soumission de plusieurs petits peuples voisins, et de quelques princes tributaires, de bons rapports avec la cour de Constantinople, enfin la tranquillité générale à l’intérieur inspiraient à Karl-le-Grand une entière sécurité, quand Witikind, sortant une seconde fois de la Scandinavie, appela son peuple au combat (782). Les compagnons du héros accoururent avec le même enthousiasme et battirent les Franks commandés par les comtes Geilon, Aldgise et Wolrad, qui périrent tous trois. Karl vengea cruellement la défaite de ses lieutenants ; il se fit livrer quatre mille des principaux guerriers et les fit égorger jusqu’au dernier dans les plaines de Verden (782). Cet effroyable massacre fut le signal d’une insurrection générale. Le roi frank dut mettre en œuvre toutes ses