et l’Elbe : Wesphaliens à l’ouest, Ostphaliens à l’est, Angrariens au midi, Nordalbingiens au nord de l’Elbe. Chaque tribu obéissait à un chef élu, et une Diète nationale se tenait tous les ans sur les bords du Weser.
Tel était ce peuple contre lequel les Franks devaient guerroyer pendant trente-trois ans, guerre commandée par la nécessité de défendre les royaumes conquis et d’arrêter au Nord, comme au Midi, le double mouvement d’invasion qui, exécuté à la fois par les Arabes et par les dernières hordes germaniques, menaçait de déposséder les nouveaux maîtres de l’Europe occidentale. Peppin avait déjà commencé cette double lutte qui, bien que d’un caractère essentiellement défensif, dut aller au-devant du danger. Comptant à juste titre sur l’appui de l’Église, il avait exigé des Saxons qu’ils souffrissent la libre prédication du christianisme. Mais ils répondirent aux enseignements de saint Libwin par la destruction de l’église de Deventer, dont ils massacrèrent les desservants (772). Le motif religieux s’ajoutant à la raison politique, le roi des Franks se jeta aussitôt sur la Saxe, prit Ehresburg, la principale forteresse de l’ennemi, et brisa l’Irmensul (Hermann Saül). Tel fut le début de cette guerre d’extermination dans laquelle les Saxons défendirent désespérément leurs dieux et leur liberté.
Au milieu de la campagne de Lombardie, un nouveau soulèvement rappela Karl-le-Grand de l’autre côté du Rhin. Il partit avec toutes les forces dont il pouvait disposer, pénétra au delà du Weser, écrasa séparément les Wesphaliens, les Angrariens, les Ostphaliens, et imposa le baptême aux vaincus. En 776, au moment où il venait de châtier la félonie du duc de Frioul, il apprit que les Saxons avaient repris les armes. Il accourut et les battit près des sources de la Lippe, où il construisit le château de Lippspringe qui reçut, ainsi que Ehresburg, une garnison formidable. Les vaincus durent payer un tribut, embrasser le christianisme, livrer des otages et reconnaître Karl-le-Grand pour leur souverain, ce qu’ils jurèrent dans la grande Diète de Paderborn (777). Mais le nouveau chef de la nation, Witikind, ne parut pas à