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HUITIÈME SIÈCLE

loin de se rendre à cette sommation, quitta l’Italie et vint en personne trouver Peppin. Par ses libéralités il gagna les grands et la nation ; et le roi frank, voyant dans la démarche du pontife un moyen d’affermir sa propre puissance, promit à l’Église son appui tout entier.

Il partit avec une armée formidable, se dirigea vers la Maurienne, atteignit Astolphe qui l’attendait dans le val de Suse, et le contraignit de se réfugier dans Pavie. Un corps de troupes reconduisit à Rome le pape fugitif qui fut remis en possession du Saint-Siége avec tout le territoire qui en dépendait, en y comprenant Ravenne et la Pentapole, ce qu’on nomma le Domaine utile ; car les papes ne devinrent réellement souverains que longtemps après. Le pillage de la Lombardie récompensa les guerriers franks et on signa la paix avec Astolphe. Cependant le Lombard reprit bientôt l’offensive contre Rome, qu’il assiégea et dont il brûla les faubourgs. Les Franks, passant une seconde fois le mont Cénis, enfermèrent Astolphe dans Pavie. La possession de l’Exarchat fut assurée au pape, à qui Peppin conféra les droits de Patrice de Ravenne, tandis qu’il était investi lui-même du titre de Patrice des Romains. Astolphe livra ses trésors et dut payer un tribut annuel au vainqueur (755). L’année suivante, le roi lombard mourut et le duc de Toscane, Didier, lui succéda.

Les Chrétiens de la Septimanie, soulevés par le comte goth Ansemund contre la domination musulmane, avaient plusieurs fois déjà imploré l’assistance du roi frank, en lui ouvrant les portes de Nîmes, Maguelonne, Agde et Béziers. Ils lui livrèrent bientôt, grâce à la lutte qui enleva l’Espagne aux khalyfes d’Orient, toute la province Narbonnaise avec sa capitale, qui forma dès lors un duché du royaume sous le nom de Gothie (759).

Depuis longtemps Peppin méditait la conquête de l’Aquitaine. En 760 il s’y décida, comptant sur un de ces triomphes rapides auxquels l’avaient habitué ses précédentes expéditions ; mais les Aquitains soutinrent contre les armées les plus belliqueuses du temps une lutte de huit années : leurs défaites continuelles furent sept fois