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giques ne sont pas de mise et ne pourraient que nous embarrasser. En somme, on sait assez ce qu’est l’ancien et vrai christianisme : on sait sur quels faits divins il s’appuie, quelles doctrines il proclame, quelle morale il enseigne, quelles perspectives il ouvre à l’âme, et quelle profusion de bienfaits il verse sur le monde. Qu’on le propose et qu’on le proclame tel qu’il est et paraît manifestement : il n’y a pas de meilleure apologie que celle-là.

Mais adopter les bases de la pensée moderne, c’est-à-dire les méthodes du positivisme et ses tristes et désolantes doctrines, non pas comme Pascal a pu le faire très légitimement, à titre provisoire, comme une nécessité aussi douloureuse qu’impérieuse, en vue de convaincre la raison de son imbécillité, et de faire éclater aux yeux la profonde déchéance d’une nature qui peut se complaire dans de tels bourbiers, mais à titre définitif, comme le dernier mot de la sagesse, et le dernier terme des aspirations de l’âme, c’est simplement ruiner à jamais ce qu’on s’est donné la mission de défendre. Une apologie qui fait de telles concessions n’est pas une apologie ; c’est une capitulation ; c’est l’apologie de Raymond Sebonde où le traître de génie qui s’appelle Montaigne, sous prétexte de défendre la foi chrétienne, lui a porté de si rudes coups, qu’il a fallu que Dieu suscitât Pascal pour l’en relever.

Cette attitude agressive que nous recommandons, se recommande elle-même par mille excellentes raisons. D’abord comme tactique, c’est la meilleure qu’on puisse choisir. Quand la guerre est déclarée et le combat imminent, le plus sûr est de prendre dès les premiers engagements et de garder jusqu’aux derniers, une vigoureuse offensive. La victoire se prononce neuf fois sur dix pour