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ni ne doit plus attendre d’elle les même offices ; bien au contraire, l’apologie se trouve en présence, non plus de cette chose auguste entre toutes qui a nom science, mais d’un système philosophique proprement dit, qui n’a rien d’auguste et qui s’appelle matérialisme ; et nous l’avons vu, c’est en ennemie qu’elle doit traiter cette avilissante philosophie.

Nous nous sommes attardé à ces questions, un peu par l’entraînement d’un très vif intérêt, beaucoup dans le sentiment que nous étions dans le vif de notre sujet. Mais nous n’avons pas prétendu les traiter à fond, ces questions capitales : notre unique dessein était de montrer par quelques exemples quelle est l’attitude que nous paraît devoir prendre le christianisme pour repousser victorieusement les assauts dirigés contre lui.

On l’a vu, nous repoussons absolument en son nom, et dans l’intérêt même de sa défense, tout accommodement et tout compromis. Nous ne pouvons, nous ne devons, à aucun degré, ni sous la moindre réserve de détail, « adopter les bases de la pensée moderne et recommander à la théologie d’en tenir compte dans l’élaboration de son système propre. »[1]. Car l’apologie n’a pas pour mission d’élaborer un système, de créer un christianisme nouveau au goût du siècle, mais bien de recommander et de faire prévaloir l’ancien, l’éternel christianisme. Ce serait une singulière manière de défendre le christianisme que de commencer par l’altérer. Ici, la question de méthode apologétique s’élève jusqu’à impliquer la question de doctrine et de fidélité à la doctrine. Les subtilités théo-

  1. « Le protestantisme français », par M. Maurice Vernes, Nouvelle Revue, 1er avril 1883.