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lyptiques ! Pascal se contentait de trouver bon qu’on ne l’approfondît pas.

L’apologie donc ne peut rien et ne doit rien tenter contre la science positive. Mais aussi celle-ci de son côté ne peut rien et ne doit rien tenter contre le christianisme. Ces deux puissances sont obligées à un respect mutuel absolu, parce que leurs domaines respectifs sont absolument distincts et impénétrables l’un à l’autre.

Et pourquoi ne se respecteraient-elles pas ? pourquoi en particulier le christianisme entrerait-il en lutte avec la vraie science positive, suivrait-il d’un œil inquiet son magnifique essor, suspecterait-il ses tendances, redouterait-il ses découvertes ? Certes, depuis que des philosophes de génie ont doté la science de nouvelles et plus sûres méthodes, elle a fait des découvertes qui tiennent presque du prodige ; et, si nous en croyons de sûrs pronostics, la fin de notre siècle nous réserve encore bien des surprises. Nous ne voyons là rien qui soit de nature à nous inquiéter : les découvertes de la science ne supprimeront jamais, ni ne satisferont jamais, les grands besoins et les grandes misères de l’âme humaine. La souffrance et la soif de bonheur, la mort et le rêve d’immortalité, l’angoissante recherche de Dieu et l’impossibilité de trouver Dieu, sont des choses qui se passent en dehors et au dessus de l’action de la science : elle n’a aucun rôle à jouer dans les grands drames de la vie morale.

Nous ouvrons ici une parenthèse, sans pour cela faire une digression, car nous restons en plein dans notre sujet. Quand nous dépeignons les misères profondes de la condition humaine ici-bas, en vue de pousser les âmes à chercher dans le christianisme un remède et une consolation, nous savons ce qu’on nous répond. On nous ré-