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dit que le christianisme devait nécessairement entrer en lutte est le déisme. Pascal qui, sur toutes les questions, professait des idées très hardies et très avancées, le traite avec une grande sévérité. « Le déisme, dit-il, est presque aussi éloigné de la religion chrétienne que l’athéisme qui y est tout à fait opposé. » (XI, 10 bis. — XXII, 6).

Il nous paraît que là encore il a vu juste. Sans doute, le christianisme et le déisme ont de nombreux points de contact et de nombreuses solutions communes. Mais leur opposition nous frappe plus encore que leurs ressemblances ; elle porte sur des points si essentiels qu’il est impossible qu’elle ne détermine pas le caractère de leurs relations. Le déisme, en effet, avec sa religion naturelle et sa morale indépendante, avec son arrogante prétention d’emprisonner éternellement le Tout-Puissant dans les lois de sa création, ne peut pas faire alliance avec le christianisme, et celui-ci, à moins d’entrer dans une voie de perpétuels accommodements dont le terme fatal serait une entière abdication, peut bien moins encore rechercher ou accepter une telle alliance.

La lutte est donc engagée dès longtemps ; et suivant la méthode de Pascal, qui est celle que suggère le plus simple bon sens, le christianisme ne doit pas se contenter de se défendre, il doit aussi attaquer ; il doit chercher le défaut de la cuirasse de son adversaire et y enfoncer sa lance.

Ce défaut est assez apparent : un premier coup d’œil le fait découvrir. Ce n’est pas en vérité d’une telle conception philosophique qu’on peut dire qu’elle est rationnellement forte ; elle nous paraît, au contraire, très faible. — Le déisme, en effet, porte dans ses flancs deux principes contradictoires, toujours fatalement en guerre l’un avec