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causes qui tiennent tant au cœur de notre génération, savoir le progrès véritable, la liberté sincère, la science pure et désintéressée, la véritable philosophie, celle dont on ne saurait se moquer sans cesser d’être homme.


CHAPITRE II
Les puissances régnantes. — La politique. — La philosophie. — La science.

Quand nous disons que par son attitude indépendante ou agressive, le christianisme servira la cause de la liberté, nous n’entendons pas le faire descendre sur le terrain de la politique. Ce serait contradictoire, puisque nous disons qu’il doit pour le moins rester indépendant de toutes les puissances. S’il est un domaine interdit à l’apologie, c’est le domaine de la politique militante.

Il ne nous semble pas que dans les temps modernes il puisse jamais y avoir ni lutte sérieuse, ni même malentendu entre la politique et le christianisme évangélique. La politique peut bien, à certains moments, détourner les esprits des préoccupations religieuses, donner le change à bien des âmes altérées de justice et de vérité, accélérer ainsi peut-être l’œuvre de dissolution morale et religieuse entreprise et énergiquement menée par d’autres agents ; elle peut bien en un mot être pour le christianisme un compétiteur redoutable ; si cela crée pour l’apologiste clairvoyant et avisé des devoirs spéciaux, très délicats, cela ne constitue pas à proprement parler un casus bellî.