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raine : une autorité qu’elle n’a pas éprouvée reste sans force, à moins qu’elle n’emprunte la force matérielle pour s’imposer. « C’est le consentement de vous-même à vous-même et la voix constante de votre raison, et non des autres qui vous doit faire croire. » (XXV, 49). « La conduite de Dieu, qui dispose de toutes choses, est de mettre la religion dans l’esprit par les raisons et dans le cœur par la grâce. Mais de vouloir la mettre dans l’esprit et dans le cœur par la force et par la menace, ce n’est pas y mettre la religion, mais la terreur, terrorem potius quam religionem. » (XXIV, 3).

Mais le choix d’une autorité est la dernière démarche de la raison ; et la soumission à cette autorité reconnue, éprouvée, est l’acte le plus digne de la raison. Par là, la raison affirme et limite à la fois sa souveraineté. Pour elle, choisir sa règle c’est se montrer libre ; s’y soumettre, c’est se montrer conséquente, c’est-à-dire libre encore ; se refuser à toute règle ou répudier la règle choisie, c’est retomber dans ses vieux errements. Pascal est très précis et très clair sur cet important sujet : « La dernière démarche de la raison, dit-il, est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la surpassent » (XIII, 1), et ainsi « il faut qu’elle sache douter où il faut, assurer où il faut, en se soumettent où il faut. » (XIII, 2). « La raison, dit-il encore, ne se soumettrait jamais si elle ne jugeait qu’il y a des occasions où elle doit se soumettre. Il est donc juste qu’elle se soumette quand elle juge qu’elle doit se soumettre. » (XIII, 4).

Dès lors, la raison est en possession d’un véritable criterium. Où se trouve, d’après Pascal, le criterium de la vérité ? Bien évidemment, d’après toutes ses prémisses, il est permis d’affirmer qu’il le voit dans la conscience