Page:Gory - Des Pensées de Pascal considérées comme apologie du christianisme, 1883.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 60 —

chrétienne ? (XI 2 bis). » Il faut qu’elle explique nos étonnantes contradictions : la religion chrétienne les explique par le péché originel. Ses lumières doivent être des remèdes la religion chrétienne offre pour tous nos maux un divin remède.

La religion chrétienne a connu les misères de l’homme ; elle a connu aussi sa grandeur : elle a connu à la fois son incapacité et sa soif de connaître et d’être heurenx ; elle connu son éloignement absolu de Dieu et son invincible besoin de Dieu ; elle a connu aussi les vides sans fonds et les aspirations puissantes de son cœur. Elle a connu et expliqué tout cela : le vide par la chute originelle, les besoins par la possibilité et l’espoir d’un relèvement[1].

Faisons un pas de plus, le dernier, dans cette étude analytique du recueil des Pensées. La méthode de l’auteur, le caractère de la preuve qu’il a fournie, nous n’avons nul besoin de le dire, l’ont placé sur le terrain du subjectivisme et de l’individualisme les plus accentués. C’est aussi en individualiste et par la méthode subjective qu’il tranche la question d’autorité. La conscience individuelle a seule qualité pour juger, non sur le fond de la croyance, mais sur le siège de l’autorité en matière de croyance, car seule elle a été appelée à éprouver la valeur et l’efficacité de la religion chrétienne. Et comme il y a nécessairement toujours, dans une telle appréciation, un côté intellectuel, la raison reparait après avoir été récusée et reprend ses droits à un moment où, le cœur s’étant déjà prononcé, la revendication de ses droits ne peut plus constituer un obstacle à la foi. C’est donc la raison, en dernière analyse, qui décide s’il y a une autorité religieuse et quel en est le siège. En cela elle est souve-

  1. Voir : XI, 4, 4 bis, 5, 10 bis. — XII, 1, 2, 10, etc.