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de Pascal, « le consentement de soi-même à soi-même » et non le consentement de soi-même à autrui. Tout ce que l’apologiste chrétien pourra faire, ce sera d’abord de démontrer la nécessité et la possibilité d’une telle épreuve en alléguant des raisons assez fortes pour décider à la tenter ceux qui y ont intérêt ; ce sera ensuite de les conseiller, de les guider dans une voie qu’il a lui-même parcourue et dont il connaît tous les détours et tous les aboutissants. Son propre témoignage sur la valeur et la puissante efficacité de la religion chrétienne, quelque précis et pressant qu’il puisse être, n’aura jamais pour eux le caractère d’une autorité externe, mais simplement la force d’un témoignage individuel fortement motivé ; et son expérience personnelle ne pourra jamais suppléer à celle qu’ils seront appelés à faire eux-mêmes pour eux-mêmes. « Si ce discours vous plaît et vous semble fort, dit Pascal à la fin de l’argumentation des partis, sachez qu’il est fait par un homme qui s’est mis à genoux auparavant et après, pour prier cet Être infini et sans parties, auquel il soumet tout le sien, de soumettre aussi le vôtre pour votre bien et pour sa gloire ; et qu’ainsi la force s’accorde avec votre bassesse (X. 1.) »

Et quel sera le résultat de cette épreuve suprême ? Neuf fois sur dix, si cette épreuve est faite dans de bonnes conditions, elle aboutira à cette conclusion : le christianisme est divin.

Le christianisme est divin. Tout ce qu’une religion qui se prétend divine est tenue de fournir pour justifier sa prétention, il l’a surabondamment fourni. « Il faut pour faire qu’une religion soit vraie, qu’elle ait connu notre nature. Elle doit avoir connu la grandeur et la petitesse, et la raison de l’une et de l’autre. Qui l’a connue, que la