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cette double exigence, paraîtra indubitablement la religion véritable et devra être acceptée et crue comme telle.

Il est vrai que la philosophie se présente avec la prétention de se substituer à toutes les religions, et de les écarter toutes. Mais Pascal a pris d’avance ses mesures contre de telles prétentions et l’a écartée elle-même comme on l’a vu. La philosophie a fourni ses preuves, qui sont des preuves de sa radicale impuissance : loin de résoudre les énigmes de la nature humaine, elle les complique et les embrouille ; ou bien, si elle les simplifie, c’est en écartant un ou plusieurs des termes nécessaires et en creusant par conséquent plus profondément encore dans l’âme humaine les vides qu’elle prétend combler.

Reste la religion, ou plutôt les religions ; car Pascal voit des foisons de religions. Ces foisons de religions, il ne les écarte pas précisément par une fin de non recevoir, procédé qui aurait affaibli sa démonstration en laissant sur ses derrières une objection non entièrement résolue ; mais il n’admet pas qu’il soit nécessaire ni juste de les étudier à fond, et de les mettre sur le môme pied que la religion chrétienne. Une vue superficielle de leurs principes et de leurs caractères extérieurs suffit pour montrer qu’aucune d’elles ne réalise les conditions d’une religion véritablement divine. Aussi par quelques considérations générales[1], qu’il aurait sans doute développées en les rattachant à quelques grands principes, il les met toutes très justement hors de cause, et se trouve définitivement en présence de la seule religion chrétienne qui prétend être inspirée de Dieu et suffire aux besoins de l’homme, et qui, a priori, paraît appuyer sa prétention sur de très

  1. XIV. 3.