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et le monde extérieur, qu’il explique que l’homme ne trouve pas ici-bas, quelque soin qu’il y prenne, le bonheur parfait. L’homme ne se suffit point à lui-même, ni ne se satisfait pleinement lui-même ; le bonheur subjectif, ou contentement, réclame impérieusement le bonheur objectif dont la condition est l’entière possession d’un objet exté- rieur à lui. Or, dans la mesure où cet objet lui manque, le bonheur lui échappe. — « L’homme sans Dieu est dans l’ignorance de tout et dans un malheur inévitable. » (XXV, 37). — « Tout le monde recherche d’être heureux ; cela est sans exception. Quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but… Et cependant, depuis un si grand nombre d’années, jamais personne, sans la foi, n’est arrivé à ce point où tous visent continuellement. » (VIII, 2). « Nous souhaitons la vérité et nous ne trouvons en nous qu’incertitude. Nous recher- chons le bonheur et nous ne trouvons que misère et mort. Nous sommes incapables de ne pas souhaiter la vérité et le bonheur, et sommes incapables ni de certitude ni de bonheur. » (VIII, 10).

Voilà encore la conclusion de Pascal. Comme il a conclu que nous sommes incapables de savoir certainement et d’ignorer absolument, il conclut aussi, par analogie, que nous sommes également incapables de renoncer à la poursuite du bonheur et de le saisir jamais ; c’est-à-dire que ni notre ignorance ni notre misère ne sont absolues et sans compensation.

Cependant cette cause, sur laquelle Pascal insiste beaucoup, ne saurait expliquer toutes les particularités de notre nature. Elle donne bien la raison de notre ignorance, de notre manque de connaissance, mais non celle de nos