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de Bossut, qui, au point de vue de la pureté et de l’intégrité du texte, réalisait sur celle de P. R., un progrès considérable. Aussi servit-elle de type toutes les éditions subséquentes jusqu’en 1840.

En 1840, Victor Cousin publia son beau mémoire à l’Académie française sur la « nécessité d’une nouvelle édition des Pensées de Pascal. » Il avait étudié le texte authentique dans le manuscrit original, avait comparé ce texte avec les éditions imprimées, et avait conclu de cette étude et de cette comparaison, que le vrai Pascal des Pensées n’était pas encore connu du public savant. Dès qu’il le connut lui-même, il se hâta de le dénoncer et de le combattre : les audaces de pensée et de conscience du grand chrétien janséniste heurtaient trop violemment ses préjugés de catholique et de philosophe pour qu’il pût les lui pardonner[1]. Son attaque fut brillante et fort applaudie, mais elle manquait de calme et de mesure ; elle devait aussi manquer son effet.

Sa critique du texte en revanche produisit les plus grands et les plus heureux effets[2]. Elle provoqua entre autres travaux importants une édition nouvelle des Pensées, celle de M. Prosper Faugère qui parut réaliser pleinement toutes les conditions réclamées par Cousin. Mais des études plus minutieuses y firent découvrir un grand nombre d’incorrections et de lacunes. L’édition parfaite restait encore à faire.

Enfin, il y a peu d’années un autre critique, M. Auguste Molinier, s’inspirant des remarques de Cousin et usant largement des travaux antérieurs, a publié (Lemerre, 1878, 2 vol.) une édition nouvelle, qui, au dire des juges

  1. Revue des Deux-Mondes, 15 déc. 1844.
  2. Pensées de Pascal 1842.