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beaucoup, mais un petit nombre d’auteurs ; il méditait plus encore. Quand une pensée d’un de ses auteurs familiers lui paraissait devoir être conservée, soit pour la réfuter soit pour la faire servir à sa démonstration, il ne se fiait pas à sa mémoire, cependant si puissante et si sûre, pour la conserver ; il la fixait sur le premier « méchant petit morceau de papier »[1] qui lui tombait sous la main ; de la même manière il notait ses propres pensées. C’est ainsi que peu à peu il rassemblait ses matériaux ; et à mesure que ses matériaux s’accumulaient, son plan se dessinait plus nettement dans son esprit. Il est à supposer que tout ce travail préparatoire de lectures et de recherches était accompli et qu’il se disposait à commencer à écrire, lorsque la mort vint raidir sa main et éteindre le flambeau de son génie. Après sa mort, tous ces précieux fragments, trouvés dans ses cartons, furent pieusement recueillis, classés dans l’ordre qui parut le plus logique, et reliés en un gros volume qui se trouve actuellement à la bibliothèque nationale.

Le travail de critique qui a dégagé, d’un manuscrit volumineux et très difficile à lire, le texte authentique et complet des Pensées a été très long et très laborieux ; à peine est-il achevé aujourd’hui. Un grand nombre d’éditions ont vu le jour, depuis la mort de l’auteur, jusqu’à aujourd’hui, plus ou moins complètes, plus ou moins correctes. Nous ne pouvons mentionner que celles qui se sont proposé, comme unique objet, de reproduire le texte original aussi exactement que possible.

La première est celle de Port-Royal qui porte la date de 1670. C’est l’édition de la famille, de la famille natu-

  1. Lettre de Brienne à Mme Périer, 1668, — dans Port-Royal de Sainte Beuve III. p. 305.