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tout ce qu’il pouvait donner et ne vit plus que sur ses antiques réserves. Il y a longtemps aussi que l’esprit chrétien a forgé ses meilleures armes. Mais l’arsenal où ces armes ont été déposées et conservées reste le plus souvent fermé ; seuls quelques érudits, amateurs d’antiquités vénérables, le rouvrent pour en cataloguer les richesses. Il y aurait mieux à faire, nous en avons la conviction. Elles étaient très fortes et très serrées les vieilles apologies du troisième et du dix-septième siècle. Elles méritent plus qu’un intérêt de curiosité. Pourquoi ne chercherions-nous pas à les faire revivre, dans leur esprit, si ce n’est dans leur forme ? Pourquoi n’en tirerions-nous pas des arguments ou des méthodes appropriés à notre temps ?

Une étude générale de l’apologie chrétienne, dans ses principes et avec ses caractères généraux, faite à ce point de vue d’application pratique, serait certainement d’une utilité capitale. Une telle étude, avons-nous besoin de le dire ? dépasserait de beaucoup les limites de notre cadre et celles de nos connaissances. Mais du moins, ce que nous avons cru pouvoir tenter, c’est l’étude, faite au même point de vue, d’un système spécial, d’une apologie spéciale ; et c’est sur l’immortel ouvrage de Pascal, sur le livre des Pensées, que notre choix s’est naturellement arrêté.

Nous allons essayer de justifier ce choix en faisant connaître les motifs de la préférence qu’il implique. Au point de vue auquel nous nous sommes placé, il ne se peut agir que d’une chose : il s’agit de rechercher quel est, de tous les défenseurs du christianisme, celui dont l’esprit, les raisons et la méthode conviennent le plus complètement, ou peuvent le mieux s’a-