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IV


Je suis couché dans un large lit, enroulé tout entier dans la lourde couverture et j’écoute grand’mère qui prie ; elle est à genoux, une main sur la poitrine tandis que l’autre, lentement, dessine le signe de la croix.

Il gèle dehors à pierre fendre. La clarté de la lune rayonne derrière les vitres fleuries par le froid d’arborescences bizarres, et cette clarté, illuminant le bon visage au gros nez, allume comme un reflet phosphorescent dans les yeux de mon aïeule. Le fichu de soie qui couvre ses cheveux brille comme du métal forgé et sa robe ondule largement autour d’elle.

Ses dévotions terminées, grand’mère se déshabille en silence, plie avec soin ses vêtements, les pose sur un coffre dans un coin, puis se dirige vers le lit où je feins d’être plongé dans un profond sommeil.

— Ah ! le petit coquin, qui ne dort pas ! s’écrie-