mais ni le prêtre ni le maître ne me prirent en affection.
Le maître, jeune et chauve, saignait constamment du nez ; il arrivait en classe, les narines bourrées de coton, s’asseyait, interrogeait d’une voix nasillarde ; puis soudain, au milieu d’un mot, il s’interrompait pour extraire de son appendice nasal un tampon d’ouate qu’il examinait en hochant la tête. Il avait un visage plat, comme oxydé et des reflets d’un bleu verdâtre semblaient jouer sur ses rides. Ce qui l’enlaidissait surtout, c’étaient ses yeux d’étain, qui semblaient n’avoir rien à faire dans sa figure et pourtant se collaient à vous avec une persistance si désagréable, qu’on avait toujours envie de se frotter la joue pour effacer la trace qu’ils auraient pu laisser.
Pendant quelques jours, on me mit dans la première division, au premier rang, à un banc qui touchait la table du maître. Il me semblait qu’il ne voyait personne d’autre que moi et cette impression m’était insupportable. Il nasillait sans cesse :
— Pechkof, change de blouse ! Pechkof, ne remue pas les pieds ! Pechkof, il y a de nouveau une mare, à ta place ; tes souliers ont suinté et dégoutté.
Je me vengeai de lui par un tour cruel : m’étant procuré un jour la moitié d’une pastèque gelée, je l’évidai avec soin et la suspendis par une ficelle au contre-poids de la porte. Le corridor était obscur ; lorsque la porte s’ouvrit, la pastèque monta avec le poids, mais lorsque le maître referma l’huis, l’écorce glacée lui coiffa la tête comme un chapeau. Le gardien de l’école, muni d’un billet explicatif, me