de la pomme de terre râpée et sortit sans mot dire, en m’emmenant avec lui.
Tout le monde à la maison déclarait que le vrai coupable, c’était l’oncle Mikhaïl. Il était naturel que je demandasse s’il serait battu ou fouetté.
— Il le mériterait ! grommela grand-père, en me regardant de côté.
L’oncle Mikhaïl asséna sur la table un furieux coup de poing et apostropha ma mère :
— Varioucha, fais taire ton vaurien, sinon je lui arrache la caboche !
Mère répliqua :
— Essaie de le toucher…
Et tout le monde se tut.
Elle avait une façon à elle de prononcer certains mots très brefs qui désarçonnaient les adversaires et les refoulaient, diminués et vaincus.
Je sentais nettement que tout le monde avait peur de ma mère ; grand-père lui-même lui parlait sur un ton plus doux et plus affable qu’au reste de la maisonnée et cette distinction m’était agréable. Je m’en vantais avec fierté devant mes cousins :
— C’est ma mère qui est la plus forte !
Ils ne se récriaient pas.
Mais les événements du samedi modifièrent mon attitude envers ma mère.
Avant que le samedi ne fût arrivé, je commis moi aussi une faute grave.
J’étais fort intéressé par l’habileté avec laquelle les