comme des blattes et venaient s’assembler d’eux-mêmes en lignes plus ou moins rythmées :
À notre portail, beaucoup de vieillards et d’orphelins
Viennent, pleurnichent, demandent du pain,
Ils le prennent et le portent à Petrovna.
Ils le lui vendent pour ses vaches
Et s’en vont boire de l’eau-de-vie dans le ravin !
La nuit, couché dans la soupente avec grand’mère, je la fatiguais en lui répétant ce que je me rappelais de mes leçons et aussi tout ce que j’avais composé moi-même. Parfois, elle riait de bon cœur, mais la plupart du temps, elle me grondait :
— Tu vois, tu sais tes poésies, tu peux donc les apprendre par cœur quand tu veux ! Mais il ne faut pas te moquer des mendiants ! Que Dieu soit avec eux ! Jésus était pauvre et les saints aussi…
Je murmurai :
Je n’aime pas les pauvres, ni grand-père non plus !
Que faire ? Dieu me pardonne,
Grand-père cherche toujours des prétextes pour me battre !
— Que chantes-tu là ? Que ta langue se dessèche ! se fâchait alors l’aïeule. Si ton grand-père t’entendait parler ainsi !
— Tant pis !
— Tu as tort de faire le polisson et de chagriner ta mère ! Elle a bien assez de soucis sans cela ! m’exhortait la bonne vieille, d’une voix affectueuse et mélancolique.
— Quels soucis a-t-elle ?
— Tu ne peux pas comprendre… Tais-toi !
— Je sais ! C’est grand-père qui la…