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Il hocha la tête et me tendant la main ;

— Comme tu as été vite là !

Enchanté de cet éloge, je n’eus pas le temps de serrer sa main, qu’il s’adressait de nouveau à son frère :

— Dépêchons-nous de rentrer, il va prendre froid ! Nous dirons qu’il est tombé, mais pas dans le puits…

— Non, non, acquiesça le petit, en frémissant. Disons que je suis tombé dans une flaque d’eau…

Et ils partirent.

Tout cela s’était passé si rapidement que, lorsque je jetai un coup d’œil sur la branche que je chevauchais avant de sauter dans la cour, elle se balançait encore et abandonnait au vent ses feuilles jaunies.

Pendant une semaine, les garçonnets ne reparurent pas ; mais quand ils revinrent, ils étaient plus bruyants qu’auparavant. L’aîné m’aperçut sur mon arbre et m’appela gentiment :

— Viens vers nous !

Nous nous installâmes sous l’auvent, dans un vieux traîneau et, tout en nous examinant les uns les autres, nous causâmes longtemps.

— Avez-vous été battus ? demandai-je

— Oui, répondit l’aîné.

Il m’était difficile de croire que l’on fustigeait comme moi ces petits garçons ; j’en fus vexé pour eux.

— Pourquoi attrapes-tu des oiseaux ? s’informa le cadet.

— Parce qu’ils chantent bien.

— Laisse-les donc voler à leur guise ; c’est mieux…

— C’est entendu, je n’en prendrai plus…