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contemplais tout en me déshabillant : au-dessus de sa tête noire, dans le bleu rectangle de la fenêtre, les étoiles scintillaient. La rue était paisible et notre chambre plongée dans l’obscurité.

Lorsque je fus au lit, grand’mère s’approcha de moi et, après m’avoir caressé doucement, elle m’exhorta :

— Dors, je vais redescendre près de lui… Ne t’inquiète pas à mon sujet ; j’ai eu tort, moi aussi… Dors bien !

Elle m’embrassa et sortit. Une indicible tristesse m’envahit ; je sautai à bas du large lit moelleux et chaud et m’en allai à la fenêtre d’où je contemplai la rue déserte. J’étais comme pétrifié par une angoisse insupportable.