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grand-père avait battu sa femme devant moi ; c’était infâme et cette constatation me bouleversa. Je ne pouvais me résigner à accepter ce fait qui m’accablait. L’aïeul était toujours là, agrippé au montant de la porte ; mais il se recroquevillait et devenait grisâtre, comme si une invisible main l’eût recouvert de cendres. Tout à coup il revint au milieu de la pièce et se mit à genoux, mais il faiblit et tomba en avant ; sa main toucha le plancher. Il se redressa immédiatement et, tout en se frappant la poitrine, il murmura :

— Seigneur…

Je glissai sur les tièdes carreaux de faïence comme sur de la glace et m’enfuis à toutes jambes. En haut, grand’mère allait et venait dans notre chambre et se gargarisait.

— As-tu mal ?

Elle alla cracher dans un seau de toilette et répondit tranquillement :

— Non, pas trop ; il ne m’a pas cassé de dents ; la lèvre seule est fendue…

— Pourquoi a-t-il fait cela ?

Après avoir regardé dans la rue, elle expliqua :

— Il s’ennuie, il est vieux, il n’a que des désagréments… Va te coucher, mon petit, et ne pense plus à ces choses.

Je lui posai encore une question ; mais elle cria avec une sévérité inaccoutumée ;

— Je t’ai dit de te coucher ! Que tu es désobéissant !…

Elle s’assit à la fenêtre, se suçant la lèvre et crachant de temps à autre dans son mouchoir. Je la