travailler. Soudain, sortant d’une cave une femme d’un certain âge se précipita vers moi :
« — Vous êtes Anna Kirillovna ? » Et de m’embrasser « Venez, venez vite ». Elle m’offrit du thé… Elle voulait me persuader de rester… Puis arriva un jeune tisserand qui emporta les proclamations…
— Ce ne fut pas pour rien, ajoute Anna Kirillovna en souriant, les ouvriers ont eu gain de cause…
« Une autre fois, je transportai des tracts de Pétchory à Sormovo, dans un seau. Je mis des choux par-dessus, comme si j’avais des choux. J’allais monter lorsqu’on me dit : « Où vas-tu avec tes seaux ? Comme s’il n’y avait pas de choux à Sormovo ? » Et moi, je réponds : « Pas de choux comme ça, c’est une sorte spéciale »…
« En 1902, à Kovalikha, vivait un infirmier, Ivan Pavlovitch. On devait transporter des drapeaux, de chez lui jusqu’à Sormovo… Je viens chez lui… Je passe dans la chambre et je les enroule autour de ma taille, sous la blouse… Puis, je ressors. « Et les drapeaux, dit-il, vous les avez oubliés ? Mais non, Ivan Pavlovitch, je n’ai rien oublié. » Tout se passa très bien…
— Vous aimez votre fils, Anna Kirillovna ?
— Tu es drôle ! Est-ce qu’une mère peut ne pas aimer son fils ? Attends, je vais te raconter comment il est, le mien… On l’avait jugé au Tribunal régional et mis en prison… Aucun détenu n’avait le droit de recevoir des visites. Ils décidèrent de faire la grève de la faim. Certains se bornèrent à ne pas manger, et lui, il refusa de boire, tellement il est entêté…
« Un jour, j’arrive à la prison, et le gardien me dit : « Pas la peine de venir : ton fils n’est pas là… On l’a emporté à l’infirmerie… Je ne pense pas que tu le trouves vivant ».
« Je me dirige à l’infirmerie. Je supplie le substitut, je supplie le procureur lui-même.
« — Ayez pitié, un homme à l’agonie ne peut-il donc pas voir sa mère ? Vous si votre toutou est malade, vous faites venir le médecin…
« — Il l’a voulu, répond le procureur.
« Je sors dans la rue, je me sens défaillir, je tombe… Un attroupement se forme. « Pour l’amour de