fils ? Vous ne le mariez pas encore ? Ce jeune homme a vraiment l’âge qu’il faut pour prendre femme. Quand ils marient leurs fils de bonne heure, les parents sont plus tranquilles. L’homme qui vit en famille se porte mieux, tant de corps que d’esprit, il se conserve comme un champignon au vinaigre. Moi, à votre place, je le marierais. Les temps actuels exigent qu’on ouvre l’œil sur l’être humain ; les gens se mettent à vivre à leur idée et se laissent aller à toute sorte d’actes blâmables. On ne voit plus les jeunes gens au temple de Dieu ; ils s’éloignent des lieux publics, mais ils se réunissent en cachette, dans les coins, et chuchotent. Pourquoi chuchotent-ils, permettez-moi de vous le demander ? Pourquoi se cachent-ils ? Qu’est-ce que l’homme n’ose pas dire en public, au cabaret, par exemple ? Ce sont des mystères. Mais la place des mystères, c’est notre sainte Église apostolique ! Tous les autres mystères, accomplis en cachette, proviennent de l’égarement de l’esprit. Je vous souhaite le bonjour.
Et il souleva sa casquette avec un geste prétentieux, l’agita en l’air et s’en alla, laissant la mère toute perplexe.
Une autre fois, Maria Korsounova, la voisine des Vlassov, veuve d’un forgeron, qui vendait des comestibles à la fabrique, dit à Pélaguée qu’elle rencontra au marché :
— Surveille ton fils, Pélaguée !
— Pourquoi ?
— Il court des bruits sur lui, chuchota Marie d’un air mystérieux. De vilaines choses ! On dit qu’il organise une espèce de corporation, dans le genre des flagellants. Ça s’appelle des sectes. Ils se fustigeront mutuellement, comme les flagellants.
— Assez de bêtises, Maria !
— C’est celui qui fait des bêtises qu’il faut gronder, mais non celle qui te les narre, répliqua la marchande.
La mère rapporta ces propos à son fils ; il haussa les épaules sans répondre. Quant au Petit-Russien, il se mit à rire de son gros rire bienveillant.
— Les jeunes filles aussi sont irritées contre vous ! dit-elle. Vous êtes de bons partis, vous travaillez bien et vous ne buvez pas… Cependant, vous ne regardez même pas les demoiselles ! On dit que des personnes de mauvaise