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CONTES D’ITALIE

— Comme mon Djiganjir, soupira le vieux guerrier.

—… le plus beau et le plus intelligent. Il avait atteint sa sixième année, quand des pirates sarrasins débarquèrent sur nos rivages. Ils tuèrent mon père et mon mari, et avec eux un grand nombre de gens. Ils enlevèrent mon enfant, et voici quatre ans que je suis à sa recherche. Il se trouve aujourd’hui parmi tes soldats, je le sais, car les soldats de Bajazet ont fait les pirates prisonniers, et lorsque tu vainquis le sultan, tu t’emparas de tout ce qu’il possédait. Tu dois donc savoir où est mon fils, et, puisque tu le sais, ton devoir est de me le rendre !

Tous les assistants se mirent à rire et les rois s’écrièrent (les rois se croient toujours intelligents) :

— Elle est folle !

Seul, Kermani regardait la femme avec gravité, tandis que Tamerlan la considérait plein d’étonnement.

— Elle est folle comme une mère, prononça tout bas l’ivrogne poète.