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CONTES D’ITALIE

pour son âme blessée, outragée par la Mort et devenue cruelle aux hommes et à la vie, tant était grand son ressentiment de l’offense.

Timour donna l’ordre de chercher qui criait ainsi d’une voix sans allégresse. On lui dit que c’était une femme couverte de guenilles et de poussière qui semblait avoir perdu l’esprit. Elle parlait l’arabe et elle demandait — elle exigeait — qu’on la mît en présence de Timour-Leng, le souverain des trois pays du monde.

— Amenez-la ! ordonna le roi des rois.

Et alors apparut devant lui une femme, dont les vêtements en lambeaux avaient été décolorés par le soleil ; ses pieds étaient nus et ses cheveux épars sur sa poitrine découverte qu’ils tentaient de voiler ! Son visage semblait de bronze, son regard était impérieux et la main brune qu’elle tendait vers le Boiteux ne tremblait pas.

— Est-ce toi qui as vaincu le sultan Bajazet ? questionna-t-elle.

— C’est moi. Je l’ai vaincu ; avant lui j’ai