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LES ŒILLETS

comme en rêve. Les deux autres sont assis et sommeillent, appuyés contre les murailles blanches de la maison.

Un garçonnet se dirige vers eux ; il tient d’une main une bouteille de vin entourée d’une clisse de paille et de l’autre un petit paquet. La tête rejetée en arrière, il pousse des cris aigus, tel un oiseau, sans remarquer qu’à travers la paille, s’échappent de lourdes et épaisses gouttes de vin, qui tombent à terre et étincellent comme des rubis.

Le vieillard s’en aperçoit ; il pose le couteau et le pain sur la poitrine de son voisin et appelle l’enfant avec des gestes d’inquiétude.

— Vite ! Vite ! Es-tu aveugle ? Regarde : le vin !

Le bambin élève la bouteille à la hauteur de son visage, pousse une exclamation et accourt auprès des paveurs. Ceux-ci s’agitent, s’écrient, tâtent la bouteille. Rapide comme une flèche, le gamin s’est enfui vers la cour et en revient avec la même hâte