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LES ŒILLETS

le chant de la vie. Toute ville est un temple élevé par les travaux des hommes, tout travail est une prière à l’Avenir.

Le soleil est au zénith, le ciel surchauffé, aveugle comme si de chacun de ses points tombaient sur la terre et sur la mer des rayons de feu bleuâtre qui se planteraient profondément dans l’eau et dans les pierres de la ville. La mer étincelle, pareille à de la soie couverte d’une épaisse broderie d’or ; en effleurant le rivage de ses ondes verdâtres et tièdes, elle chante tout bas au soleil la grande chanson de la source du bonheur et de la vie.

Les gens couverts de poussière et de sueur s’interpellent joyeusement ; ils courent dîner. Beaucoup s’empressent d’aller sur le rivage ; ils se dépouillent à la hâte de leurs vêtements et sautent dans l’eau. Les corps basanés, dès qu’ils se plongent dans les flots, deviennent ridiculement petits, telles de noires parcelles de poussière tombant dans une grande coupe de vin.

Le rejaillissement soyeux des vagues,