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CONTES D’ITALIE

El à ce gros bonhomme, aussi rond qu’un tonneau, elle chanta sur l’heure quelques-uns de ses couplets les plus guillerets. Lui, riait de tout son cœur, ses petits yeux intelligents noyés dans la graisse rouge de ses joues.

Et c’est ainsi qu’elle vivait, heureuse elle-même, répandant la joie autour d’elle, aimable envers tout le monde. Ses amies finirent par se réconcilier avec elle, comprenant à la longue que le caractère de l’être humain fait partie de ses os et de son sang, se rappelant que les saints eux-mêmes ne surent pas toujours se vaincre, que l’homme enfin n’est pas un dieu et que ce n’est qu’à Dieu qu’il faut rester fidèle.

Et, telle une étoile, Nuncia brilla durant dix années dans son quartier, toujours considérée comme une beauté et une merveilleuse danseuse. Si elle avait été jeune fille, on l’aurait certes élue reine du marché, car aux yeux de tous, elle était réellement reine. On la montrait même aux étrangers et plusieurs d’entre eux demandaient à lui parler