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NUNCIA

sons ou d’autres dons encore, qui étaient, aux yeux de beaucoup, plus précieux que l’argent.

Bien des femmes — et même plusieurs hommes — n’approuvaient pas sa manière de vivre, cependant Nuncia était loyale. Non seulement elle ne détournait jamais de leurs devoirs les hommes mariés, mais souvent elle les réconciliait avec leur femme. Elle disait volontiers :

— Celui qui change d’amour ne sait pas aimer.

Un jour, Arturo Lano, le pêcheur qui étudia au séminaire pour devenir prêtre, mais qui oublia et la soutane et le Paradis, et s’égarait trop souvent dans des cabarets et dans les lieux où l’on s’amuse, le gros Arturo Lano, le maître chansonnier grivois, lui déclara :

— Tu m’as tout l’air de croire que l’amour est une science aussi compliquée que la théologie ?

Elle lui répondit :

— J’ignore les sciences, mais je connais par cœur toutes tes chansons.