Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
301
CONTES D’ITALIE

Nuncia était une femme trop joyeuse, un cœur trop bon pour pouvoir vivre en paix avec son mari. Ce dernier ne pouvait comprendre cette nature sensible ; il criait, tempêtait, jurait, sortait son couteau de sa poche et l’enfonça même un jour dans les côtes d’un admirateur de sa femme. Mais la police n’aime guère les exercices de ce genre, Stefano fut arrêté et mis en prison, où il resta quelque temps. Libéré, il partit pour l’Argentine : le changement d’air est un bon remède pour les esprits trop excitables.

Nuncia devint donc veuve à vingt-trois ans. Il lui restait sa fillette âgée de cinq ans, deux ânes, un jardin potager et une petite voiture. Une personne gaie n’a pas besoin, pour vivre, de beaucoup de choses, et elle était contente de son sort. Elle savait travailler et beaucoup de gens ne demandaient qu’à lui venir en aide. Et lorsqu’elle ne pouvait payer en espèces sonnantes les services rendus, elle les payait de son rire, de ses chan-