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CONTES D’ITALIE

ainsi ! » Ce n’était pas la première fois que je la voyais et tu n’ignores pas que personne ne rêve aussi passionnément aux femmes que le soldat. Bien entendu, je me la figurais bonne, intelligente, compatissante, car, à cette époque-là, je m’imaginais que les riches étaient particulièrement intelligents… Je demandai à mon camarade :

— Comprends-tu cette langue ?

Non, il ne la comprenait pas. Alors je lui traduisis le discours de la blonde ; il se mit en colère comme un beau diable et commença à sautiller par la chambre.

— Ah ! c’est comme ça ! grommelait-il. C’est comme ça ! Elle se sert de moi et ne me considère pas comme un homme ! Je permets qu’on m’outrage à cause d’elle, et c’est elle qui nie ma dignité ! Je risque de perdre mon âme pour préserver ses biens, et elle…

Il n’était pas bête, ce gaillard-là, et il se sentait profondément offensé, moi aussi, d’ailleurs. Le lendemain, nous parlions de cette dame à haute voix, sans nous gêner de Luoto, qui se contentait de grogner et de nous conseiller :