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CONTES D’ITALIE

— Peut-être, je n’en sais rien, peut-être ! dit-il à mi-voix, en secouant les boucles qui cachent son haut front.

— Plus on va dans le Nord et plus les gens sont obstinés ! affirme Giovanni, homme robuste et trapu, aux cheveux noirs et frisés encadrant un visage couleur de cuivre rouge où luisent de grands yeux débonnaires, comme ceux d’un bœuf. À sa main gauche, l’index manque. Il parle aussi lentement qu’il meut ses mains imprégnées d’huile et de limaille. Le verre en main, il continue de sa voix de basse :

— Milan, Turin, voilà d’excellents ateliers où se forment les hommes nouveaux, où se développent les cerveaux neufs ! Avant peu, la terre deviendra honnête et intelligente.

— Oui ! dit le petit peintre. Il lève son verre, qui capte un rayon de soleil et fredonne :

Oh ! que la terre était tiède
Au matin de nos jours,
Mais nous avons atteint l’âge viril,
Et à présent il fait froid !