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CONTES D’ITALIE

son —, mais un cœur étranger ; ta cause était la bonne, je l’ai compris, mais mon cœur ne pouvait se mettre d’accord avec toi…

Elle mourut quelques jours plus tard ; et les cheveux de cet homme devinrent blancs pendant qu’elle était à l’agonie ; oui, ses cheveux blanchirent et il n’avait que vingt-sept ans !

Il s’est marié, il y a peu de temps, avec la seule amie qu’avait la jeune fille, une de ses élèves. Ils s’en vont au cimetière ; ils y vont tous les dimanches porter des fleurs sur la tombe.

Il ne croit pas à sa victoire ; il est persuadé qu’en lui disant : « Ta cause était la bonne » la jeune fille a menti pour le consoler. Sa femme est du même avis. Tous deux révèrent la mémoire de la défunte. Et cette douloureuse histoire de la ruine d’un être humain intelligent et bon rehausse leurs forces en leur inspirant le désir de le venger et donne au travail qu’ils font en commun un caractère de beauté infatigable…