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CONTES D’ITALIE

— Je comprends parfois que tout ce que tu dis est possible, mais je pense que c’est parce que je t’aime ! Je comprends, mais je ne crois pas, je ne peux pas croire ! Et quand tu t’en vas, tout ce qui est de toi s’en va avec toi !

Ce drame dura près de deux ans ; la jeune fille fut brisée ; elle tomba malade. Il lâcha son travail, cessa de s’occuper des affaires de son association, fit des dettes et évita de rencontrer ses camarades. Il rôdait autour de la demeure de l’aimée ou restait assis à son chevet ; il la regardait se consumer, devenir de jour en jour plus maigre, plus diaphane, tandis que le feu de la maladie flamboyait avec une force croissante dans les yeux de la pauvre fille.

— Parle-moi de la vie, de l’avenir ! lui demandait-elle.

Il parlait du présent, énumérant d’un ton vindicatif tout ce qui fait périr les hommes,