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LA CARTE POSTALE

gnement de son Fils : ils aiment leur prochain d’un vivant amour.

On ne peut dire de mensonges avec simplicité ; pour mentir, il faut des mots sonores et quantité d’enjolivements. Le vieillard crut le Russe et il serra avec force la frêle main qui ignorait le labeur.

— Ainsi, la prison, ce n’est pas une honte pour eux ?

— Non, dit le Russe. Vous le savez, on ne met les riches en prison que lorsqu’ils ont fait trop de mal et qu’ils n’ont pas su le dissimuler, tandis que les pauvres diables, eux, sont jetés au cachot dès qu’ils veulent faire un tant soit peu de bien. Vous êtes un heureux père.

Et, de sa voix frêle, il raconta à Cecco ce que les gens honnêtes avaient projeté de faire de la vie : ils voulaient vaincre la misère et l’ignorance, et tous les abus et les infamies qui en résultent.