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CONTES D’ITALIE

Il tambourina doucement sur la table ; puis il soupira et passa ses fleurs à sa boutonnière.

— Dire que ce sont des bêtises qui empêchent les gens de vivre et de travailler, c’est diabolique ! s’exclama l’autre en s’animant.

— C’est l’histoire de l’humanité que vous qualifiez de bêtises, maître Trama ? demanda l’ingénieur avec un mince sourire.

L’ouvrier enleva son chapeau, l’agita et se mit à parler, d’une voix ardente et vibrante.

— Hé, qu’est-ce que l’histoire de mes ancêtres !

— De vos ancêtres ? répéta l’ingénieur en soulignant le deuxième mot d’un sourire plus aigu.

— Oui, de mes ancêtres. Vous trouvez que c’est de l’insolence ? Hé bien, si vous voulez ! Mais pourquoi Giordano Bruno, Vico et Mazzini ne seraient-ils pas mes ancêtres, est-ce que je ne vis pas dans leur monde, est-ce que je ne jouis pas de ce que leurs grands esprits ont semé autour de moi !