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UNE GRÈVE À NAPLES

Les grévistes se serrent les uns contre les autres d’un air sombre ; ils ne répondent presque pas aux exclamations exaspérées des assistants. Juchés sur la grille du jardin public, ils examinent avec inquiétude la rue au delà des têtes. Ils font penser à une bande de loups cernée par une meute. Il est évident pour tous que ces gens aux vêtements identiques sont fortement unis par une décision inébranlable et qu’ils ne céderont pas ; cette sensation irrite encore plus la foule, mais il se trouve aussi des philosophes parmi elle : ceux-ci se mettent tranquillement à fumer et exhortent au calme les adversaires trop fougueux de la grève.

— Ah ! signor. Que faire, si on n’a pas de quoi acheter des macaronis à ses enfants ?

Par deux, par trois, en petits groupes, les agents de la police municipale aux uniformes élégants veillent à ce que la foule ne gêne pas la circulation des fiacres. Ils sont strictement neutres et regardent avec la même tranquillité les grévistes et les protestataires ; avec bonhomie, ils apaisent en plai-