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LE BOSSU

— Le père était si rond et si vide ; je ne comprends pas qu’il ait pu se noyer !

— Tais-toi, tu n’aimes personne ! cria la sœur.

— Je ne sais pas dire des paroles affectueuses, tout simplement ! répliqua-t-il.

Le cadavre du père ne fut pas retrouvé, celui de la mère qui avait été tuée avant de tomber à l’eau fut placé dans un cercueil ; elle parut aussi sèche, fragile et pareille au rameau mort d’un vieil arbre, qu’elle l’avait été de son vivant.

— Nous voilà seuls, s’écria la sœur d’une voix contrite, après les funérailles, en repoussant son frère d’un regard aigu de ses yeux gris. La vie nous sera pénible, nous ne savons rien et nous pouvons perdre beaucoup. Quel dommage que je ne puisse pas me marier tout de suite !

— Oh ! s’exclama le bossu.

— Qu’est-ce que ce « oh » ?

Il dit, après un instant de réflexion :

— Nous sommes seuls.

— Tu dis cela comme si quelque chose te faisait plaisir.