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CONTES D’ITALIE

fondeurs trompeuses. En mer, il devenait plus gai ; il avait des attentions pour ses camarades et son adresse égalait celle d’un dauphin.

Mais si bonne que soit l’existence qu’un homme s’est choisie, elle a nécessairement un terme ; lorsque Tuba eut atteint ses quatre-vingt-dix ans, ses bras tordus par les rhumatismes refusèrent de travailler davantage ; ses jambes courbées soutenaient à grand’peine sa taille voûtée. Le vieillard, que tous les vents avaient battu, descendit un jour tristement dans l’île, grimpa sur la montagne et entra dans la cabane que son frère habitait avec ses enfants et ses petits-enfants. Mais ses parents étaient trop pauvres pour être bons, surtout à présent que le vieux Tuba ne pouvait plus leur apporter de beaux poissons comme autrefois.

Le vieillard ne tarda pas à se trouver malheureux dans sa nouvelle famille ; tous regardaient avec trop d’attention les morceaux de pain qu’il enfonçait dans sa bouche édentée avec sa main noire et noueuse. Il