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LA MORT DE GIOVANNI TUBA

à son frère le soin de cultiver la terre, Tuba s’en alla, avec une troupe de gens amoureux comme lui de l’espace, se livrer à la pêche du corail sur les rives de la Sicile. C’est un labeur ardu mais glorieux ; on risque de se noyer dix fois par jour, mais, en revanche, que de choses étonnantes ne voit-on pas quand sort lourdement de l’eau bleue le filet où étincelle une multitude vivante et, parmi elle, les rameaux roses du précieux corail, cadeau de la mer !

C’est ainsi que s’endormit à jamais pour la terre l’homme captivé par la mer ; il aimait les femmes aussi, comme dans un rêve ; il aimait peu de temps et en silence ; il ne savait leur parler que de ce qu’il connaissait : des coraux, du jeu des vagues, des caprices du vent et des grands navires qui s’en vont vers les mers inconnues ; il était très doux quand il était sur la terre ferme ; il marchait avec précaution, avec méfiance presque ; en compagnie, il était muet comme un poisson ; il scrutait les yeux, du regard perspicace du pêcheur, accoutumé à épier les pro-