Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
LA MORT DE GIOVANNI TUBA

les oliviers tachetés, aux feuilles massives, sous l’ombre épaisse des orangers et des rameaux embrouillés des grenadiers, au grand soleil, dans le parfum des fleurs, sur la terre chaude — qu’il regardait déjà, les narines gonflées, l’œil bleu de la mer avec l’expression de l’homme sous les pieds duquel le sol vacille ; il le regardait en aspirant l’air salé et il devenait distrait, paresseux, désobéissant, comme il arrive toujours à ceux que la mer a enchantés et qu’elle appelle.

Les jours de fête, de grand matin, alors que le soleil avait à peine dépassé le sommet des montagnes, derrière Sorrente, quand le ciel était rosé et comme tissé de fleurs d’abricotiers, Tuba, tout hérissé, pareil à un chien de berger, dévalait la montagne, sa ligne sur l’épaule ; il sautait de pierre en pierre, tel un peloton de muscles élastiques, il courait à la mer et lui souriait de tout son large visage, semé de taches de rousseur ; et, dans l’air frais du matin, dominant la douce émanation des fleurs qui s’éveillaient, une odeur aiguë venait à lui,