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JUSTICE POPULAIRE

Il fut donc résolu que Giuseppe nourrirait la femme et l’enfant de Luigi ; mais l’affaire ne se termina pas ainsi. Quand ce dernier apprit que Giuseppe avait menti, que sa femme était innocente et que le calomniateur avait été condamné par nous, il fit venir Concetta auprès de lui en écrivant brièvement :

« Viens me retrouver et nous vivrons de nouveau heureux ensemble. N’accepte pas un centime de cet homme ; si tu en as déjà reçu de l’argent, jette-le-lui à la figure ! Je ne suis pas, moi non plus, coupable envers toi ; aurais-je pu penser qu’on peut mentir quand il s’agit d’amour ? »

Et à Giuseppe, il écrivit ceci :

« J’ai trois frères, et nous nous sommes juré tous les quatre que nous t’étranglerons comme un mouton si jamais tu quittes l’île pour venir à Sorrento, à Castellamare, à Torre, où que ce soit. Cela est aussi vrai que les gens de ta commune sont de braves et honnêtes gens. Ma femme n’a pas besoin de ton argent ; mon cochon lui-même refu-