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LA MÈRE DU TRAÎTRE

et lui plongea un poignard dans le cœur. Il tressaillit et mourut aussitôt ; le coup était allé droit à son but, car une mère sait toujours où bat le cœur de son enfant. Repoussant le cadavre qui gisait sur ses genoux jusqu’aux pieds des gardes consternés, elle s’écria, en regardant la ville :

— Comme citoyenne, j’ai fait pour la patrie tout ce que j’ai pu. Comme mère, j’accompagne mon fils ! Il est trop tard pour que j’en enfante un autre, ma vie n’est utile à personne !

Et ce même poignard, encore tiède du sang de son fils, — de son sang à elle, — elle le planta d’une main ferme dans son cœur. Quand le cœur souffre, il est facile de l’atteindre sans se tromper.