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LA MÈRE DU TRAÎTRE

qu’il ne fût entraîné à trahir la cité, comme l’a fait le fils de Marianna, l’ennemi de Dieu et des hommes, le chef de nos adversaires. Ah ! celui-là, qu’il soit maudit ! Que le sein qui l’a conçu soit maudit !

Se cachant le visage, Marianna s’en fut ; le lendemain matin, elle se rendit chez les défenseurs de la ville et leur dit :

— Tuez-moi, puisque mon fils est devenu votre ennemi, ou laissez-moi quitter la ville pour que je me réfugie auprès de lui…

— Tu es une créature humaine, et ta patrie doit t’être chère : ton fils est un ennemi pour toi comme il l’est devenu pour chacun de nous…

— Je suis sa mère, je l’aime et je me considère comme coupable de sa trahison.

Alors, ils tinrent conseil pour savoir ce qu’ils feraient d’elle, et voici ce qu’ils décidèrent :

— Femme ! l’honneur nous défend de te mettre à mort. Nous savons que tu n’as pu suggérer à ton fils le crime odieux qu’il a commis, et nous devinons combien tu dois